Interview croisée de Jonathan Rhys Meyers et John Travolta
Qu'est-ce qui vous a attirés dans ce film ?
John
Travolta : Au départ, c'est Luc Besson qui te propose un film !
C'était l'ouverture de la grande porte ! Parce qu'il est génial. Et puis c'est
Morel, qui a réalisé Taken, qui
réalise ce film : ça aussi c'est très attirant. Enfin, j'ai lu le script : ce
personnage est incroyable, très libéré, sauvage ; et j'ai su que je pouvais le
faire. Voila, les trois choses qui m'ont plu.
Jonathan
Rhys-Meyers : Pour moi, c'est bien sur de travailler avec Luc Besson ;
c'est très drôle, parce que Luc ne savait pas que j'avais passé une audition
pour Le cinquième élément
il y a plusieurs années, et que je n'avais pas eu le rôle, donc il est possible
que j'ai une conversation drôle avec lui à ce sujet un peu plus tard. C'est
aussi de travailler avec John Travolta, John était déjà intéressé - il était
déjà dans le film quand Luc est venu me trouver, et c'est très attirant pour
n'importe quel acteur de travailler avec ce grand acteur qu'est John, parce que
même inconsciemment, on va apprendre. Il y a quelque chose de très attirant là
dedans. Et puis il y a Pierre Morel : j'adore son énergie, j'adore sa manière
de faire ses films. J'adore Taken parce
que..., vous savez le truc avec les films de Pierre Morel, et ça arrive parfois
avec des réalisateurs, c'est qu'ils sont tellement exigeants sur leurs propre
réalisation, qu'ils en viennent à oublier qu'ils sont en train de faire un
film, c'est purement pour le public et pas seulement pour les quelques 500
personnes qui travaillent dans l'industrie ; et Luc réalise que c'est le public
qui est important et c'est la même chose avec Pierre. Quand nous sommes allés à
Rosny hier soir, nous avons été dans les cinémas, et on a vu la réaction des
gens...c'est pour eux qu'on fait tout ça.
John
Travolta : Et le film était ciblé pour ce public.
Vous rappelez-vous de votre premier jour de tournage ensemble, et la
première impression que vous vous êtes faits l'un de l'autre ?
John Travolta :
Evidemment la première impression qu'on avait l'un de l'autre est venue des
films qu'on a vus avec l'autre ; moi, j'étais plutôt ébloui par son jeu avant
de rencontrer Jonathan, il est charmant, il connait ses personnages, il est
très professionnel, il apporte vraiment quelque chose de magnifique. J'étais
donc impatient de voir comment Jonathan allait interpréter ce personnage. Mais
on voulait que notre rencontre à l'écran soit sur une première. Voila, c'était
la première des choses.
Jonathan
Rhys-Meyers : Pour moi cet élément, évidemment, c'était comme l'idée
de Pierre... Il voulait une réaction choc, qu'il y ait deux ou trois secondes
où on se découvre à l'écran ; ça n'arrive jamais dans les films. C'est très
drôle, parce que lorsqu'on tourne un film, il arrive qu'on tourne la première
scène en dernier, et donc vous n'avez pas cette réaction choc. J'aurais connu
John depuis 10 ou 11 semaines, et on aurait joué ensemble, et on aurait discuté
ensemble.
John
Travolta : Ça ne fonctionne pas toujours, mais dans ce film ça marche
parce qu'il fallait qu'il y ait un truc un peu bizarre, nouveau pour notre
premier contact. Normalement, je ne conseillerais pas de faire quelque chose
comme ça, mais là, comme j'ai littéralement rencontré Jonathan pour la première
fois, et vice versa, j'ai pensé que ça méritait d'être filmé, et que même si
c'était filmé, on pourrait éventuellement le refaire plus tard, mais ça valait
le coup d'essayer. Et je pense que cette découverte mutuelle, vous pouviez la
voir dans nos yeux, on était vraiment en train de se jauger mutuellement, c'est
très original.
Et la chimie est évidente...
John
Travolta : Oui, et on ignorait qu'il y allait avoir une chimie...
Jonathan
Rhys-Meyers : Oui, c'est un heureux accident. Une de mes répliques
favorites dans le film, ma réplique favorite dans le film...J'ai une petite
amie, et c'est aussi une de ses répliques favorites, je lui dis...Il dit : «
...le joueur d'échec... » et je lui dis : « Tu joues aux échecs ? » et il me
regarde et me répond : « Est-ce que j'ai une tête à jouer à des jeux de plateau
? »... Je veux dire pour moi c'est la seule chose qu'il y avait à savoir à
propos de Wax : non il n'a pas l'air de quelqu'un qui joue à des jeux de
plateau... mais il pourrait... et c'est la découverte des différences...
John
Travolta : ...et l'écriture est très bonne. Quel cadeau d'avoir un
film d'action si bien écrit et avec une très bonne histoire et de très bons
personnages...et en fait c'est vraiment la seule raison pour laquelle vous
devriez faire un film. Vous ne devriez pas le faire simplement au nom de
l'action, jamais...mais celui-ci nous a fait ce cadeau à tous les deux.
Et vous avez vraiment l'air de vous être fait plaisir avec vos
différents looks à l'écran...
John
Travolta : ...oh oui !
... Alors, comment avez-vous choisi celui-ci ?
John
Travolta : J'adore les looks particuliers, je le fais toujours, je
pense que cela aide le public ; le film est un média visuel et je pense qu'il
faut leur donner une vision, que ce soit la coiffure de jeune page dans Pulp Fiction,
ou la coupe euro trash d'Opération Espadon.
La manière dont on porte les vêtements, dont on bouge son corps, ses
mouvements, vous devez réaliser un tableau pour le public ; il faut arriver à
cette illusion, à votre manière, mais vous devez y arriver d'une façon
visuelle. Donc la première chose que vous faites c'est découvrir de quoi il
aura l'air. Et ensuite vous découvrez beaucoup de choses parce que... avec
d'autres médias, vous les découvrez certainement différemment, mais vous devez
le faire de cette manière, donc...J'ai vu des photos de « Soldier of Fortune...
euh Soldiers for Hire », et soudain, c'est très glamour ! Il ne m'avait pas
habitué à ce look, des écharpes, des vêtements chic, des blousons en cuir, la
tête rasée, c'est chauve ! Mais ce devait être une bonne chose si Luc et Pierre
m'ont laissé le faire.
Les scènes d'action sont assez exigeantes dans le film. Comment vous
êtes-vous préparés physiquement ?
John
Travolta : J'ai répété durant de nombreuses semaines, parce que ce
sont des scènes d'action, chorégraphiées.Cela a demandé beaucoup
d'approfondissement et de pratique.
Jonathan
Rhys-Meyers : Je n'ai pas eu à faire autant d'action que ça, mais
c'est étrange ce que John a dit à propos de Soldier of fortune, et sur leur
côté glamour, et leur look, avec des boucles d'oreille, et des boucs, et tout
ça, parce qu'il est possible que ces gars ne vivent pas jusqu'à demain, alors
vous sortez comme vous avez envie de sortir. Vous n'avez aucune raison de vous
conformer à quoi que ce soit. Ces types ne se conforment à rien parce qu'il se
pourrait que ce jour soit leur dernier : ils s'exposent sur la ligne de feu.
Après ça, je suis allé voir sur internet, et j'ai vu ce type qui gardait un
puits de pétrole en Irak, et il portait un survêtement Dolce et Gabanna, et il
avait une iroquoise rose. A quel autre moment de sa vie pourrait-il porter une
iroquoise rose au boulot, à part en gardant un puits en Irak ?
John Travolta :
Et ils gagnent beaucoup d'argent. En tant qu'opérationnel de la Cia, je ne
gagne peut-être pas autant d'argent qu'eux, mais ces mercenaires, ils
travaillaient pour moi dans ma maison à Los Angeles, et quand vous entendez les
chiffres dont il s'agit pour les faire venir en Irak, ou au Pakistan, ou au
Moyen-Orient, c'est incroyable, on parle vraiment des chiffres les plus élevés,
alors ils ont un peu d'argent de poche à claquer...
Jonathan
Rhys-Meyers : Un peu d'argent pour avoir l'air fabuleux ! Et vous
savez, j'ai fait un film il y a quelques années, dont le titre était Alexandre,
et il y avait plein de ces gars là qui venaient de Bassorah. Ils venaient de
Bassorah, et ils avaient d'énormes tatouages dans le dos, et j'ai demandé : « pourquoi
ces looks ? », et ils m'ont répondu : « tu sais, on ne sait jamais si
aujourd'hui sera notre dernier jour ». Et ils disent aussi qu'ils ne mettent
pas l'argent de côté, ils ont l'argent et ils le dépensent aussitôt ! Alors ils
conduisent tous des grosses Ferrari, de grosses Porsche, de grosses motos ! Et
au final, ils font le métier le plus dangereux au monde, et quelqu'un comme
Charlie Wax fait le boulot le plus dangereux du monde en ce moment !
John Travolta :
Il n'est qu'à une balle, à un centimètre de la mort, constamment, et il y a
clairement une certaine irrévérence face à cela aussi.